D'origine belge et de parents professeurs, Lucas Belvaux est né le 4 novembre 1961 à Namur. Totalement autodidacte, il écume les castings à l'adolescence, bien décidé à devenir acteur. C'est Yves Boisset qui le remarque le premier, et lui offre le rôle d'un jeune homme solitaire dans une école militaire, à l'affiche d'Allons z'enfants. Belvaux enchaîne sur un petit rôle dans La truite de Joseph Losey, puis apparaît dans quelques films, toujours, au début des années 80, avant de décrocher un rôle plus important (un facteur soupçonné de meurtre) dans Poulet au vinaigre de Chabrol. Le cinéma d'auteur offre alors une place de choix au jeune acteur blond, qui joue successivement sous la caméra de Jacques Rivette (Hurlevent) et surtout d'Olivier Assayas (Désordre), qui révèle toute une génération de comédiens tels que Simon de la Brosse, Laurence Côte, Rémi Martin, Ann-Gisel Glass ou Wadeck Stanczak. Belvaux incarne, dans ce film noir et torturé, un des membres d'un groupe de rock.
La suite est plus aléatoire : si Chabrol fait à nouveau appel à lui pour Madame Bovary, dans lequel il est Léon Dupuis, clerc de notaire avec lequel Emma entretient une liaison, à ce moment-là, force est de constater que Lucas Belvaux a d'autres idées en tête : il s'apprête à mettre en scène son premier film, le très intimiste road-movie Parfois trop d'amour, virée de trois personnes dans les paysages désolés du Nord de la France. En 1997, le comédien renouvelle l'expérience de la mise en scène avec une œuvre plus ambitieuse, Pour rire !, dans lequel il met face à face Jean-Pierre Léaud et Ornella Muti pour un vaudeville sophistiqué dans lequel le mari trompé se lie d'amitié avec l'amant de sa femme... Le succès est au rendez-vous, et Belvaux réapparaît encore une fois devant la caméra grâce à son ami Hervé Le Roux, qui lui avait déjà offert un des rôles principaux du délirant Grand bonheur, et qui, cette fois, lui propose le rôle clin d'œil d'un chanteur d'opéra, en préambule et conclusion de On appelle ça... le printemps.
2002 est une année importante pour le réalisateur (lequel se fait alors quasiment invisible au cinéma, malgré quelques rôles récents dans des téléfilms) qui voit aboutir un projet ambitieux sur lequel il travaillait depuis une dizaine d'années. C'est la trilogie Un couple épatant, Cavale et Après la vie, ou comment faire exister six personnages (dont l'un, un terroriste en cavale, est joué par ses soins) en les faisant passer successivement du second au premier plan en fonction des films. Menant aujourd’hui résolument de front sa carrière de comédien (on le voit à l’affiche du film choral Joyeux Noël de Christian Carion ou bientôt dans Pars vite et reviens tard ! de Régis Wargnier) et de réalisateur, même si cette dernière est tout de même plus présente, il défend cette année les couleur de la Belgique au Festival de Cannes avec le drame La raison du plus faible où il portera, une fois n’est pas coutume, cette double casquette qui semble décidément lui aller à merveille.
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