Jane Birkin est la fille de David Birkin, commandant dans la Royal Navy, et de l'actrice Judy Gamble (plus connue sous son nom de scène : Judy Campbell, muse de Noël Coward, le célèbre dramaturge britannique). Elle est la sœur de l'acteur Andrew Birkin, qui a joué avec elle dans le film La Pirate et a dirigé Charlotte Gainsbourg dans The Cement Garden et de Linda Birkin. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père a aidé la Résistance française en transbordant de nuit, entre l’Angleterre et la Normandie, les combattants de la France libre. Il a, entre autres, sauvé François Mitterrand.
Jane Birkin a été la compagne du compositeur John Barry (qui a composé le thème de James Bond, celui de "The Knack... and how to get it" ou celui de la série à succès "Amicalement vôtre" avec Roger Moore et Tony Curtis), de l'auteur-compositeur-chanteur Serge Gainsbourg et du cinéaste Jacques Doillon, chacun d'eux étant le père d'une de ses filles Kate (maintenant photographe), Charlotte (actrice et chanteuse) et Lou (actrice).
Serge Gainsbourg a été son pygmalion, la propulsant au sommet des hit-parades en 1968 avec le sulfureux duo Je t'aime… moi non plus, initialement écrit pour Brigitte Bardot. La chanson est interdite par le Vatican, ce qui fait exploser ses ventes. Un album aux deux signatures Serge Gainsbourg-Jane Birkin suit en 1969. La voix enfantine de la chanteuse, parfois proche d'un simple souffle, son accent anglais prononcé, la rendent immédiatement reconnaissable. C'est le départ d'une longue collaboration qui aboutira à une œuvre quasi-unique dans la chanson française. À la mort de Gainsbourg, Birkin enregistre plusieurs albums où elle reprend les chansons qu'il lui a écrite (ou écrites pour d'autres) comme dans Versions Jane et Arabesque. Elle devient ainsi l'ambassadrice de l'œuvre de Gainsbourg et donne des concerts à travers le Monde (aussi bien à Tokyo, qu'à New York ou qu'en Palestine). La série de concerts d'"Arabesque" rencontre un succès certain et propose une version orientalisée de sa musique. Birkin tente aussi l'aventure en dehors de Gainsbourg et convoque de nombreux compositeurs pour trois albums à succès ("A la légère" où elle côtoie Zazie ou MC Solaar, l'album de duos "Rendez-vous" ou le récent "Fictions"). Son statut d'icône internationale lui permet de collaborer avec des musiciens étrangers aussi talentueux et variés que Brian Molko (du groupe britannique Placebo), Rufus Wainwright, Beth Gibbons (de Portishead) ou encore Caetano Veloso. Elle est également servie par des textes de jeunes musiciens hexagonaux tels que Cali, Arthur H, Zazie, Dominique A ou plus âgés comme Etienne Daho ou Alain Souchon (avec qui elle avait fait un duo pour le film "Comédie" de Doillon).
Au cinéma, elle débute en Angleterre dans le film de Richard Lester "The Knack... and how to get it", film emblématique du Swinging London où elle apparaît aux côtés d'autres débutantes telles que Jacqueline Bisset ou Charlotte Rampling. Le film est un succès et Jane Birkin enchaîne sous la direction de Michelangelo Antonioni dans le film "Blow Up" qui est présenté au Festival du film de Cannes (et y remporte La Palme d'or) où elle apparaît nue. C'est alors qu'elle décide d'aller en France pour tenter sa chance comme actrice et elle est engagée après des extraits désastreux (elle finira en pleurs) pour le film "Slogan" de Pierre Grimblat sur lequel elle rencontre Serge Gainsbourg. Grimblat raconte qu'au début du tournage, Birkin et Gainsbourg ne s'entendaient pas du tout (Gainsbourg sortait de sa relation avec Brigitte Bardot et n'appréciait pas trop cette Anglaise qui faisait des fautes de Français) et qu'il les a invité au restaurant Maxim's pour dîner, dîner auquel il n'est pas venu. Finalement, le film se fait et Birkin devient une vedette populaire, souvent employée pour des comédies où elle joue des rôles de "ravissante idiote" (son duo avec Pierre Richard se conclue par de nombreux succès au box-office).
Dans les années 80, elle connaît un tournant vers le cinéma d'auteur à partir de sa rencontre avec Jacques Doillon et du film La Fille prodigue. Si le film ne marche pas (il sort pendant les élections présidentielles), il prouve que Birkin est capable de jouer dans les deux registres. Elle le commente un quart de siècle plus tard (mars 2006) : « C’était la première fois qu’une personne tournant des films dits intellectuels pensait à moi. Jacques Doillon était un réalisateur de films qui n’était pas intéressé à me voir sans mes vêtements. Il m’a dit : « Je vous veux boutonnée jusqu’au cou, je veux savoir ce qui se passe dans votre tête et je veux que vous fassiez une crise de nerfs. » J’ai donc fait La Fille prodigue et dès lors j’ai été considérée comme une actrice sérieuse en France, et des réalisateurs comme Jacques Rivette, Agnès Varda ou Jean-Luc Godard m’ont sollicitée, alors qu’avant j’étais une vedette populaire, mais avec rien dans la tête ». Cette remise en question lui vaut donc de tourner avec les plus grands cinéastes contemporains (il faut ajouter James Ivory, Alain Resnais ou encore Bertrand Tavernier) à cette liste) dans des rôles variés. Presque totalement absente au Cinéma dans les années 90 (consacrées à la chanson et marquées par la mort de Gainsbourg), elle revient jouer dans des films auréolée d'un statut d'icône tels que le désopilant "Merci docteur Rey" d'Andrew Litvack ou encore "Mariées mais pas trop" de Catherine Corsini (les deux cinéastes lui font des hommages appuyés dans ces films).
Lors du tournage de "Jane B. par Agnès V.", Agnès Varda la pousse à concrétiser ses projets d'auteur (scénariste-réalisatrice). C'est ainsi qu'elle écrira le scénario de "Kung-Fu Master" (également réalisé par Varda, juste après le premier film) et qu'elle réalisera (pour la télévision) et mettra en scène (au théâtre) sa pièce "Oh, Pardon tu dormais" avec Christine Boisson et Pierre Arditi. Birkin a tourné son premier long-métrage de Cinéma en tant que réalisatrice, "Boxes" (qui réunit Géraldine Chaplin, Natacha Régnier ou encore sa fille Lou Doillon) en 2006. Le film devrait sortir dans les salles françaises courant 2007.
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