Isabelle Huppert est née le 16 mars 1953 à Paris. A 17 ans, après avoir obtenu son baccalauréat et le concours d'entrée au Conservatoire de Versailles et après avoir passé une licence de russe, elle s'inscrit au Conservatoire d'Art Dramatique, à Paris. C'est là que lui parviennent les premières propositions : une figuration dans Faustine et le bel été de Nina Companeez et une dramatique télé de Claude Santelli, "Madame Baptiste", d'après Maupassant. Le cinéma s'intéresse vraiment à elle avec César et Rosalie, où elle incarne la petite sœur de Romy Schneider, ainsi que Le bar de la fourche, aux côtés de Jacques Brel. Son nom deviendra populaire grâce aux Valseuses de Bertrand Blier, où elle incarne un adolescente bourgeoise tentée par le dévergondage sexuel. En 1974, elle tourne pour la première fois en Amérique dans Rosebud, sous la direction d'Otto Preminger, et y effectue une tournée théâtrale avec "L'avare". Elle gagne ses galons de comédienne populaire un peu plus tard grâce au film de Bertrand Tavernier Le juge et l'assassin, pour lequel elle reçoit le prix Suzanne-Bianchetti, qui récompense alors les meilleurs espoirs. Après l'extraordinaire succès de La dentellière, Isabelle Huppert, à peine 20 ans, peut déjà se permettre de refuser des rôles. Avec un prix obtenu à Cannes pour sa prestation dans le Violette Nozière de Chabrol et un beau succès d'estime pour le Loulou de Pialat, elle part pour Hollywood pour y tourner La porte du paradis, de Michael Cimino. L'échec commercial historique du film, ainsi que les conditions de tournage dans lesquelles elle y a évolué (interdiction totale de parler français à qui que ce soit) la font rappliquer dare-dare en France, où elle retrouve Bertrand Tavernier (Coup de torchon), s'acoquine avec Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), puis Passion), Marco Ferreri (L'histoire de Piera) ou bien encore Diane Kurys (Coup de foudre, superbe histoire d'amitié entre deux femmes durant les années 50), et tous les metteurs en scène qui font le cinéma français de première classe. Protéiforme, capabale de passer du drame à la comédie (glacée) avec une certaine propension à l'intellectualisation, elle retrouve Claude Chabrol en 1988 avec Une affaire de femmes, où, filmée quasiment en gros plan d'un bout à l'autre du film, elle reçoit pour l'occasion le Prix d'Interprétation au Festival de Venise. S'il lui est arrivé d'être passionnée et romantique (La dame aux camélias de Mauro Bolognini, Les ailes de la colombe de Benoît Jacquot), Isabelle Huppert a d'ores et déjà imposé une image de la perversité faite femme, ou dissimulée sous le masque de l'innocence (Eaux profondes de Michel Deville, La truite de Joseph Losey, La femme de mon pote de Bertrand Blier, La garce de Christine Pascal). Une image qu'elle cherche aussi à casser avec ses personnages de Signé Charlotte, signé de sa sœur Caroline Huppert, où elle joue une chanteuse punk, et de Sac de nœuds, de Josiane Balasko, dans lequel elle campe une sorte de Marilyn de banlieue en robe rose fluo. Depuis 1989, Isabelle Huppert est remontée sur les planches pour interpréter "Un mois à la campagne" de Tourgueniev, "Jeanne au Bûcher" d'Arthur Honegger et Paul Claudel, et "Orlando" de Virginia Woolf. Actrice de prestige s'il en est, celle qui a été nommée un nombre incalculable de fois au César de la Meilleure actrice n'a reçu ce prix qu'une seule fois, encore sous l'égide de Claude Chabrol et dans le sillage du triomphe commercial remporté par La cérémonie. Un temps présidente de la commission de l'Avance sur Recettes et la plus internationale des actrices françaises, Isabelle Huppert tourne en Australie (Cactus), en Russie (L'inondation, d'après un court roman de Zamiatine), en Allemagne (Malina et Poussières d'amour, de Werner Schroeter), en Italie (Les affinités électives, des frères Taviani) ou aux Etats-Unis (Amateur, de Hal Hartley), affronte Béatrice Dalle dans La vengeance d'une femme sous l'égide de Jacques Doillon, quitte Daniel Auteuil dans La séparation puis retrouve Benoît Jacquot qui la fait tourner coup sur coup dans Pas de scandale et La fausse suivante. Stakhanoviste des tournages depuis quelques années, Isabelle Huppert a enchaîné La vie moderne, où elle campait une sorte d'Emma Bovary moderne, Saint-Cyr, dans lequelle elle incarne Madame de Maintenon, La comédie de L'innocence (ex-Fils de deux mères), un drame intimiste sous la direction de Raoul Ruiz, Les destinées sentimentales, épopée costumée signée Olivier Assayas où elle était l'épouse délaissée du personnage joué par Charles Berling. Sèche et étrange PDG dans Merci pour le chocolat, tourné sous la direction de Claude Chabrol avec lequel elle a déjà fait six films (ça crée des liens), elle est ensuite l'héroïne sulfureuse du nouveau film de Michael Haneke, La pianiste, où elle incarnait une névrosée en quête de sensations que l'amour “ordinaire” ne peut lui offrir. Un rôle hallucinant pour un film qui fait logiquement scandale à Cannes et qui lui vaut le Prix d'interprétation décerné à l'unanimité du jury. L'unanimité, l'actrice la fait aussi en gorgonne frigide et langue de vipère, l'une des 8 femmes outrancières et magnifiées par un François Ozon très joueur. Après sa nouvelle métamorphose dans La vie promise en prostituée et mère indigne, notre chère Isabelle retrouve deux cinéastes qui l'ont déjà précipitée dans les abîmes de la folie : Werner Shroeter avec Deux et Michael Haneke avec Le temps des loups. L'exigence et la passion du renouvellement sont plus que jamais au cœur de son parcours, lorsqu'elle accepte d'être Ma mère, celle que George Bataille a dépeinte abruptement et à laquelle Christophe Honoré fait un sort cinématographique : libre et monstrueuse, indépendante et castratrice. C'est une nouvelle performance pour Isabelle Huppert, mais le public préfère lui faire un triomphe dans le registre de la comédie, celui des Sœurs fâchées, où elle affronte Catherine Frot, la délurée. Après un nouvel essai américain non transformé en dépit d'une distribution de luxe (J'adore Huckabees), la comédienne retrouve Pascal Greggory, trois ans après La vie promise, et découvre l'univers de Patrice Chéreau en incarnant le rôle titre de Gabrielle, avant de présenter aujourd'hui L'ivresse du pouvoir sous la direction de son complice Claude Chabrol, où elle incarne une juge aux prises avec une affaire politico-économique de très grande envergure. Les facettes de son talent protéiforme n'ont pas fini de nous séduire...
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